mardi 21 janvier 2014

«Doukhan Al Kasr» d'Amel Mokhtar : Un roman âpre et beau


8 mai 2013, 00:33
L'écrivaine Amel Mokhtar, auteure de plusieurs romans dont "Nakhbe el hayet", "Al Koursi Al Hazaz" et "Maestro" et d’une série de nouvelles à l'instar de "La Taachaki hadha Rajoul" et "Wa lil Mourad Wijhoun Jamil", vient de publier un nouveau roman intitulé "Doukhan Al Kasr".

Edité par Dar Sahar, le roman nous donne à lire une nouvelle Amel Mokhtar, maitrisant la langue arabe, les personnages de l'histoire et leur évolution au gré des événements. Un roman avec un nouveau souffle différent des précédents aussi bien dans la forme que dans le fond. Un livre qui constitue un tournant pour cette auteure dans lequel elle a réuni des sujets à la fois politiques et sociaux entre fiction et réalité.
"Doukhan Al Kasr" tourne autour des événements du 14 janvier ou de ce que les occidentaux  appellent "le Printemps arabe". « Un printemps arabe » sous la lorgnette d’une écrivaine rebelle qui ne mâche pas ses mots pour dire ce qu’elle pense de la révolution au travers de  ses personnages aux points de vue  antagonistes, différents dans leurs orientations et leurs destins mais qui se croisent entre eux.
La construction de ce roman n’est pas basée sur un personnage –héros – unique mais sur plusieurs protagonistes notamment masculins qui ont chacun un rôle déterminant dans les événements qui traversent cette fiction. Laroussi, Habib, Farid, Lamjed, Mahdi, Nour et d’autres, qui est journaliste ou homme d’affaires, avocat, commerçant, étudiant etc. sont chacun d’eux l’écho d’une société en ébullition.
Amel Mokhtar s’introduit en tant qu’auteure au milieu de ses personnages pour donner sa vision réelle de la société tunisienne actuelle après la révolution. Et de ce fait elle entraine le lecteur dans une balade littéraire entre la fiction et la réalité. D’où la force et la nouveauté de son roman. D’autre part, elle suit l’impact des événements sur ses personnages liés entre eux par une amitié qui remonte à une jeunesse vécue comme une douleur et l’amertume d’une expérience d’une vie difficile.
Des personnages déracinés qui ont quitté leur ville natale pour se retrouver presque perdus dans une capitale où chacun a dû affronter des obstacles pour arriver à construire son rêve. Puis lorsque la révolution est arrivée, les masques sont tombés et les amis d’hier se sont transformés en ennemis aujourd’hui.
« Doukhan Al Kasr » est l’image de la Tunisie après la révolution et les conditions psychologiques et sociales d’une certaine classe de la société dont les uns portent un masque, d’autres un secret ou une histoire qui se révèlent au fur et à mesure des 179 pages réparties en chapitres pour donner davantage de plaisir au lecteur.
Au niveau de l’écriture, on retrouve chez Amel Mokhtar à la fois la journaliste et l’auteure dans la mesure où elle fait des va –et- vient entre la fiction et le réel où l’aspect documentaire est bien présent. Un roman âpre dans lequel l’auteure présente le printemps arabe comme un automne, époque du règne de l’anarchie. Un printemps qui se transforme d’un rêve à un échec. Une vision bien pessimiste mais combien réaliste.
Hayet Gharbi

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